Le portrait imaginaire

Un portrait est une oeuvre d'art picturale, graphique, photographique etc... dont le but est de représenter, de façon ressemblante, une personne avec sa tenue et ses expressions caractéristiques.

Cela s'applique également à toute création d'images et représentations que ce soit peinture ou dessin. Les deux cohabitent et nous devons trouver l'harmonie en fonction de ce que nous voulons communiquer et à qui nous nous adressons.

Cependant, la ressemblance d'un portrait peut être "relative. En effet, selon une idée répandue, la réussite d’un portrait dépendrait de la capacité de l’artiste à voir « à l’intérieur » du modèle pour en « dévoiler » le moi profond.

IL est donc aisé d'en conclure que la ressemblance peut être visuelle ou sensorielle.

Essayons de comprendre....

La notion d’imaginaire demeure difficile à définir car englobant des acceptions parfois contradictoires. « L’imaginaire est un mot d’usage et de destination incertains : placé à mi-chemin du concept et de la sensation, il désigne moins une fonction de l’esprit qu’un espace d’échange et de virtualité. »

Si pour Baudelaire, l’imagination c’est la « reine des facultés » qui favorise des correspondances intuitives, elle est bannie par Pascal car « maîtresse d’erreur et de fausseté ».

Au sens pascalien, elle s’oppose à la raison. C’est une faculté trompeuse. Les images reçues ou créées empêchent la raison d’atteindre la vérité. Elle est créatrice d’illusions, de chimères, de fausses visions qui entravent le bon jugement.

Dans la terminologie psychanalyste, l’imaginaire désigne « le registre des images, de la projection, des identifications et, en quelque sorte, de l’illusion ». Comme Bachelard « suppose que c’est notre sensibilité qui sert de médium entre le monde des objets et celui des songes » , on intègre la sensibilité comme déclenchant la rêverie à partir du monde concret.

L’imaginaire, c’est ce monde à part, intime, difficilement accessible, indescriptible propre à l’artiste et qui lui permet d’édifier cet autre univers particulier qu’est l’œuvre. L’artiste passe par l’imaginaire pour créer un monde de signes et de symboles où lui- même y trouve place.

L'imaginaire dans l'art abstrait est l’espace de la création libre, de l’anti-conformisme. C’est la faculté qui nous permet d’outrepasser le réel et ses contraintes. À l’image du rêve, l’imagination déforme le réel pour plus d’expressivité : « éliminant ce qui lui paraît sans résonance, amplifiant ce qui lui semble frappant, [elle] aboutira à cette transmutation, à cette recréation : elle s’empare du réel, mais comme d’une matière première et pour lui donner un visage chargé de sens. »

Cependant, la rupture n’est pas toujours radicale. Gilbert Durand insiste sur le mélange du réel et de l’imaginaire. Celui-ci naît d’un travail sur le réel par le biais des fantasmes et des pulsions propres au sujet. L’expérience artistique n’instaure pas une coupure entre le concept de réalité et celui d’imaginaire. Au contraire, dans son Introduction à la psychanalyse, Freud conçoit l’art comme un lieu de passage ou une étape pour exorciser les contraintes du réel. Dans cette perspective, le rapport art / réel est à concevoir, non en terme de concurrence, de conflit, mais plutôt en terme de complémentarité, de suppléance. L’objectif majeur de l’imagination est de créer une émotion profonde, ébranler l’âme et susciter des sentiments. Elle opère au niveau de la sensibilité et des sensations.

Tous les ateliers de l'association ont un fil conducteur : le lâcher prise. C'est à partir de cet élément que sont réalisés les portraits imaginaires.

Je m'explique.

Comme son nom l'indique, le portrait imaginaire, est imaginaire... (sourire), mais il est tout de même question de portrait figuratif et non abstrait, ce qui implique qu'il n'y a pas de modèle au moment de sa réalisation mais une parfaite connaissance des bases élémentaires du portrait (proportions, vue etc...)

Pour autant le but d'un portrait imaginaire, dans nos ateliers, n'est pas de représenter, de façon ressemblante, une personne, mais belle et bien de "se laisser aller à la représentation inconsciente d'une personne X", sans rentrer dans l'abstraction.

La réalisation d'une peinture ou d'un dessin d'après modèle vivant ou photo implique un dialogue à trois : entre l'artiste, la matière et le modèle.

Ce n'est pas le cas pour le portrait imaginaire conçu dans nos ateliers , puisque l'artiste doit seulement se connecter à lui même, et matérialiser ses envies.

Les résultats peuvent être surprenants!!!

Je pense à une élève qui ayant bien compris le concept du "lâcher prise" avec la méthode que j'enseigne en peinture à l'huile, s'étonnait d'avoir peint un "petit ami qu'elle avait eu pendant sa tendre jeunesse".

En la questionnant un peu, elle me révéla qu'il avait beaucoup compté pour lui et qu'elle avait oublié son existence même....

Ou bien, une autre élève, qui réalisa au crayon, un portrait de femme qui lui ressemblait terriblement lorsqu'elle était petite fille....

Il est intéressant de constater dans ce genre d'ouvrage, que, lorsque l'inconscient est libéré de tout conditionnement visuel, s'exprime sans vergogne et sans complexe.

Et enfin, il est même très intéressant d'entreprendre un portrait imaginaire juste par curiosité et découvrir ce qu'il se cache en nous!

Alors vous souhaitez en savoir plus?

Tentez l'aventure, faites un portrait imaginaire et faites moi part de vos observations!!! Çà nous intéresse!